Bluey : Le dessin animé qui soigne mon enfant intérieur

Je ne vais pas le nier, ni ressentir une honte quelconque en vous avouant ceci : je suis le genre de personne qui adore regarder des dessins animés pour enfants. J'aime l'imagination qui se dégage de certaines œuvres de ce genre, j'apprécie les traits colorés et les histoires -parfois- prévisibles, et j'aime la façon dont ces dessins animés s'adressent à leur public cible en cherchant constamment à innover leur formule.

J'ai adoré « Steven Universe » malgré quelques déceptions, et « Souvenirs de Gravity Falls » a été mon dernier coup de cœur du genre. Mais j'aime aussi les œuvres qui s'adressent aux plus petits, ça me permet de faire le vide dans ma tête entre deux épisodes d'un anime bourrin. J'aime l'ancienne série de « Franklin », ou Angelina Ballerina avec son atmosphère « Balletcore » par exemple, sans parler de nombreux autres dessins animés de mon enfance. (Peut-être en ferais-je un article dédié un jour ?)

Je sais que pour beaucoup, ça peut paraître « bizarre », mais je pense qu'il est parfois bien de se laisser tenter par un petit cartoon « régressif », surtout lorsqu'on nous propose quelque chose de qualité.

Aujourd'hui, j'aimerais donc parler de « Bluey », dessin animé Australien de la BBC qui a su se faire un nom au fil des années. Je souhaitais parler de cette licence car je pense qu'elle mérite sa popularité, et surtout parce que le dernier épisode sorti à ce jour, « The Signal / Le Panneau », m'a touché au point de me faire pleurer (oui oui.). Je ressens donc le besoin de vous parler de tout cela.

Mais tout d'abord, c'est quoi au juste « Bluey » ?

Bluey c'est le genre de dessin animé préscolaire (à partir de 3 ans) comme on a l'habitude d'en voir. On y suit le quotidien d'une chienne toute bleue qui invente à chaque épisode un nouveau jeu, et implique ses parents qui acceptent toujours de l'accompagner -parfois à contrecœur- dans ses aventures. Elle a une petite sœur, Bingo, avec qui elle s'entend très bien. Chaque épisode est agrémenté d'une leçon plus ou moins subtile sur la vie. Bref, vous l'aurez compris, sur le papier c'est pas vraiment innovant.

Pourtant...

Malgré les premiers épisodes qui pourraient se révéler ennuyeux pour un adulte, il se dégage une atmosphère particulière. Bluey est une série artistiquement douce qui cherche toujours à offrir une ambiance rassurante. Les couleurs sont chatoyantes sans être criardes, les décors regorgent de détails et j'ai l'impression que les animateurs prennent toujours le temps d'instaurer une atmosphère calme et posée lorsqu'il le faut, comme s'ils essayaient de créer une petite bulle de protection, le temps de quelques minutes, le temps d'un épisode.

La chambre de Bluey et Bingo me fait rêver... 

Qui plus est, Bluey a autant été pensé pour les enfants que pour les parents qui regardent les épisodes avec eux. Il y a donc des passages que seuls les adultes comprendront, et des thématiques assez « tristes » y sont abordées. On a un épisode qui parle, par exemple, de la mort sans la censurer ( le « cadavre » d'un animal est montré ) on évoque aussi les bébés nés prématurés, ou encore l'infertilité et la dépression que cela apporte.

Pourtant, ces sujets « sensibles » sont toujours abordés avec bienveillance et douceur, ce qui rend le dessin animé incroyablement touchant et sincère. Bluey est une œuvre qui ne prends pas ses spectateurs pour des « idiots », elle cherche toujours a expliquer à quel point la vie peut parfois être triste, imparfaite, mais qu'elle peut aussi se montrer incroyablement belle et colorée. Elle s'adresse autant aux enfants qui apprennent et grandissent à leur rythme, qu'aux adultes qui ont parfois besoin d'être rassurés dans leur rôle.

La série possède beaucoup de personnages qui deviennent plus ou moins récurent au fil du temps. Chacun a sa petite histoire, et on ne les mets jamais vraiment « à part ». Bien sûr, on se concentre beaucoup sur notre héroïne bleue et sa famille, mais de nombreux épisodes se consacrent aussi à ses ami.e.s et à son entourage. A l'inverse de nombreux cartoon de ce genre, les problématiques abordés dans certains épisodes ne s'effacent pas une fois celui-ci terminé. A la place, des petits détails disséminés dans d'autres épisodes nous dévoile l'évolution des personnages, et je trouve ça très fun à regarder.

On cherche à instaurer une petite continuité, ce qui (me) donne l'impression de se lier d'amitié avec les personnages, car ils ne sont pas juste des « figurants ». Ils vivent aussi leur vie à leur manière, et ne sont jamais délaissé même si encore une fois, on se concentre beaucoup plus sur Bluey (forcément, le dessin animé porte son nom !).

Les camarades de Bluey. Chacun a droit à son petit moment de gloire.

Bref, il est vrai que les premiers épisodes sont plutôt timides dans leur narration. Ils nous donnent l'impression de nous retrouver devant un énième show pour enfant sans profondeur. Pourtant, à mesure qu'on les enchaîne, on prend de plus en plus de plaisir, en tant qu'adulte, à regarder/écouter ce que l’œuvre veut nous enseigner. Évidemment, je vous mentirais en qualifiant le dessin animé de « révolutionnaire », mais j'aime penser que Bluey est la « safe place » dont beaucoup d'enfants (et surtout adultes !) ont besoin. Et j'aimerais vous faire part de la liste de mes dix épisodes favoris, ou du moins, ceux qui m'ont le plus marqués !

• S1E16 : « Le Ballon de Yoga »

Dans cet épisode, Bandit (le père de Bluey et Bingo) doit travailler, mais il trouve le temps de jouer avec ses filles. Il utilise un ballon de yoga comme chaise, mais les filles s'en emparent pour jouer avec. Au fil de l'épisode, leur père propose plusieurs jeux avec ce gros ballon, mais un problème survient : il est trop brut et violent pour la plus jeune, Bingo. Elle se sent triste et blessée chaque fois que son père lui fait mal. Elle apprend alors à lui exprimer ses sentiments, ce qui encourage les enfants à dialoguer avec leurs parents.

• S1E34 : « La déchetterie »

Cet épisode aborde une thématique que j'apprécie beaucoup. Bandit (encore lui) doit se rendre à la déchetterie pour se débarrasser de vieilles affaires. Il emmène avec lui Bluey et Bingo, qui sont très curieuses. Bluey pose mille et une questions à son père, qui répond toujours avec bienveillance, ce qui la conduit à le considérer comme « le meilleur papa du monde ». Cependant, une fois arrivée à la déchetterie, c'est le drame : Bluey réalise que son père va jeter tous ses dessins. Cette révélation met en place une une scène triste mais criant de réalisme. Quel parent n'a jamais craint d'être surpris en train de jeter les dessins de son enfant ? L'épisode explique le recyclage et montre que les feuilles jetées auront une nouvelle vie, tout en rappelant que les parents ne sont pas parfaits. Malgré tout, l'épisode se conclut sur une note positive, illustrant comment, aux yeux d'un enfant, on peut toujours être « le meilleur papa du monde » tant qu'on fait de son mieux.

• S1E38 : « Imitation »

C'est l'épisode qui aborde le thème de la mort. Je le trouve très touchant, notamment grâce au final qui fait écho au titre et aux premières minutes de l'épisode. Il n'est jamais facile d'aborder ce sujet dans un dessin animé pour enfants, mais Bluey y parvient avec justesse, sans dramatiser ou minimiser.

• S1E43 : « Camping »

Un des préféré de la communauté (oui oui, il y a une commu' fan de Bluey) et c'est compréhensible. Lors de ses vacances en Camping, Bluey se fait un ami qui ne parle pas sa langue, pour autant, ça ne les empêche pas de devenir des amis très proches. De ce fait, jouent tous les jours ensemble mais... un matin, son ami doit partir et il ne parvient pas à la prévenir (la barrière des langues). Lorsqu'elle constate qu'elle ne le reverra plus, elle est profondément attristée par le fait que les rencontres ne sont pas forcément éternelles comme l'explique sa mère. En effet, cette dernière lui explique que la vie, c'est comme ça : certaine personnes entrent dans nos vie, puis en sorte plus ou moins vite, mais que le plus importants, ce sont les souvenirs qui restent. Il y a une métaphore avec un arbre qui pousse tout au long de l'épisode, et la scène finale est incroyablement touchante, mais je ne spoilerai pas. 

J'apprécie la leçon que cet épisode transmet : ce mélange de douceur et d'amertume, c'est une perspective rafraîchissante dans ce style de dessin animé.

• S2E8 : « C'est papa qui nous emmène ! »

Bandit conduit les filles à l'école. Non seulement les scènes dans la voiture m'ont fait mourir de rire car je n'ai jamais vu un tel réalisme dans le comportement des enfants, mais en plus, le Plot Twist est adorable. Je n'en dirai pas plus.

S2E29 : « Grand-Père ».

Il aurait pu figurer dans mon top pour sa scène finale magnifique. Mais il faut faire des choix...

• S2E9 : « C'est l'heure de dormir »

Bingo a promis de rester toute la nuit dans son lit. C'est un épisode très beau visuellement parlant en plus d'être incroyablement imaginatif. Cet épisode évoque la peur de dormir seul pour un enfant, et comment les plus petits « interprètent » la présence des adultes dans leur vie (métaphores des planètes, du soleil qui réchauffe et réconforte, etc...). Je le trouve très beau dans son imagerie.

• S2E47 : « La course des bébés »

Chilli, la mère de Bluey, repense à l'époque où cette dernière n'était qu'un bébé. Elle raconte à quel point elle se mettait la pression pour que sa fille fasse tout aussi vite qu'un autre bébé qui savait déjà se tenir assit, puis à marcher, etc... Beaucoup de mères ressentent cette « compétition » avec les autres parents, par peur de rater l'éducation de leur progéniture. Elles se dévalorisent et craignent être de mauvaises mères. Cet épisode est très beau, et je vois souvent des mamans pleurer devant (via des Tik-Tok) car je pense que beaucoup se retrouvent dedans. Mais l'épisode nous apprend que la vie n'est pas une course, et que chacun avance à son rythme. 

• S3E18 : « La pluie »

Cet épisode ne contient pratiquement aucune paroles. Il est entièrement musicale et incroyablement poétique à mes yeux. Je ne saurais vraiment expliquer ce qu'il se passe car en résumé cela paraît... « nul » ? Disons qu'il y a un parallèle entre ce qu'essaie de faire Bluey avec la pluie, et ce que tente de faire sa mère avec elle. Le final est incroyablement adorable !

• S3E23 : « Chat Vidéo »

Bon, celui là il me fait surtout mourir de rire. J'adore l'humour de cette série, vraiment. Parce que c'est criant de réalisme. En gros, Bluey et Bingo appellent leur cousine, Muffin, pour se parler via écran. Sauf que ça dégénère. Par contre, vers la fin de l'épisode, il y a une scène un peu « triste » qui fait redescendre l'excitation, et j'ose espérer que ça sera encore plus développé à l'avenir. Je n'en dis pas plus.

• S3E49 : « Le Panneau »

Le dernier en date au moment où je rédige cet article. Je pense qu'il s'agit là de l'épisode qui m'a le plus touché. J'ai beaucoup pleuré devant Bluey, je ne le cache pas. Mais alors cet épisode m'a complètement anéantie. La famille de Bluey doit déménager car leur père a trouvé un meilleur job ailleurs. On parle donc des changements, de la peur lié au déménagement, des choix que les adultes n'approuvent pas spécialement. On évoque aussi les craintes et les peurs de ces derniers, car oui, les adultes aussi sont tristes et angoissés, même eux ne savent pas quoi faire dans certaine situations. Eux aussi sont autant perdus et en détresse que les enfants, la seule différence est qu'ils doivent rester « forts » et penser aux mieux pour le bonheur de leurs progénitures. L'épisode exploite également le concept de l'effet papillon, qui revêt une connotation puissante tout au long de l'histoire. Pour moi, il s'agit de l'épisode le plus poignant de la série.

En conclusion...
Nous les adultes, avons tendance à penser à outrance que les nouveaux dessins animés ne sont pas dignes de ceux avec lesquels nous avons grandi. Pourtant, plus le temps passe, et plus je trouve ces paroles fausses : les enfants ont de quoi s'occuper avec toutes les bonnes choses qu'on leur propose. Bluey en est le parfait exemple. C'est plein d'humour et de bienveillance, et personnellement, je sais que c'est un dessin animé que j'aurais adoré en tant qu'enfant, étant donné que je l'adore en tant qu'adulte.

Si un jour vous avez des enfants, et un compte Disney+, je vous encourage à regarder Bluey et à vous faire un avis sur ce dessin animé. Mais cela dit, il n'est pas nécessaire d'avoir d'enfants pour se lancer dans cette aventure toute mignonne !

PS ; excusez moi pour les fautes, j'essaierai de corriger ça plus tard.